
La violence économique à l’égard des femmes : une analyse de droit pénal
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octobre 18, 2024Récemment, suite à une sentence rendue par le Tribunal pénal 2 d'Elche, la controverse sur les fausses accusations dans notre pays a été ravivée. La sentence 314/24 du 19 septembre condamne deux femmes pour avoir faussement dénoncé leur beau-frère pour avoir commis plusieurs délits d'agression sexuelle à leur encontre. Selon le jugement, les deux femmes ont fait de fausses accusations à la police, alléguant que leur beau-frère les avait touchées sans leur consentement, leur avait offert de l'argent en échange de relations sexuelles et leur avait montré de la pornographie enfantine. Cependant, l'enquête menée par le juge du tribunal d'instruction numéro 4 a permis de déterminer que ces allégations étaient infondées et motivées par un conflit familial lié à l'utilisation et à la propriété d'une maison familiale.
Le tribunal d'instruction a classé l'affaire, et bien qu'elle ait fait l'objet d'un appel devant l'Audiencia, la décision a été confirmée, après quoi le beau-frère a décidé de dénoncer les femmes pour fausse dénonciation, ce qui a conduit à la décision du tribunal pénal que nous analysons aujourd'hui, dans laquelle les accusés sont condamnés à payer une amende de 3600€ et à indemniser le plaignant de 3000€ pour pour atteinte à l'honneur.
LA FAUSSE DÉNONCIATION
L 'article 456.1.1.1 du code pénal, qui régit le délit de fausse accusation et de fausse dénonciation, stipule que :
"Seront punis ceux qui, sachant qu'ils sont faux ou avec un mépris téméraire de la vérité, auront accusé une personne de faits qui, s'ils étaient vrais, constitueraient un délit pénal, si cette accusation était portée devant un fonctionnaire judiciaire ou administratif chargé d'enquêter sur cette accusation :
1. une peine d'emprisonnement de six mois à deux ans et une amende de douze à vingt-quatre mois en cas d'infraction grave.
2. une amende de douze à vingt-quatre mois en cas d'infraction moins grave.
3. une amende de trois à six mois, s'il s'agit d'une infraction mineure.
2) Le plaignant ou l'accusateur ne peut être poursuivi qu'après un jugement définitif ou une ordonnance définitive de non-lieu ou de classement sans suite rendue par le juge ou le tribunal qui a connu de l'infraction qui lui est reprochée. Ce dernier ordonne la poursuite d'office du plaignant ou de l'accusateur lorsqu'il existe dans la procédure principale des éléments suffisants pour prouver la fausseté de l'accusation, sans préjudice du fait que l'infraction peut également être poursuivie sur la base d'une plainte de la partie lésée. "
L'action typique de ce délit est, comme il ressort clairement de son libellé, l'imputation à autrui, en le sachant faux, de faits qui, s'ils étaient vrais, constitueraient un délit et, comme on peut le lire, est passible d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à deux ans et d'une amende pouvant aller jusqu'à 24 mois.
Cette infraction requiert l'existence d'une décision judiciaire définitive (ordonnance ou jugement) déclarant l'inexistence de l'acte, ce qui signifie qu'il est nécessaire d'attendre la fin de la procédure dans laquelle la plainte a été déposée pour entamer la procédure.
La procédure pour fausse dénonciation peut être engagée, comme l'indique le même article, sur plainte de la partie lésée ou d'office ; si le juge ou le tribunal estime que ce délit a été commis, il peut déduire un témoignage de sa procédure et l'envoyer au tribunal de permanence pour engager une procédure sur la prétendue fausseté de la dénonciation.
FAUSSES ALLÉGATIONS ET VIOLENCE DE GENRE
L'un des grands défis de ce type de crime est la difficulté de la preuve, car il n'est pas facile de distinguer si une allégation est simplement erronée (en raison d'un manque de preuves ou d'un malentendu) ou si elle est intentionnellement fausse. Pour prouver qu'une allégation est fausse, il doit être démontré par les allégations que le plaignant savait avec certitude que les événements ne s'étaient pas produits.
Dans le cas des crimes sexuels et sexistes, la situation est compliquée par le fait que les événements se produisent souvent en privé, sans témoins directs, et que les preuves physiques sont souvent limitées. Parfois, ces affaires se terminent par un acquittement en raison du manque de preuves, mais cela ne signifie pas automatiquement que l'allégation était fausse.
Quoi qu'il en soit, l'effet des fausses allégations est profond et affecte à la fois les accusés et les victimes.
D'une part, une personne accusée à tort d'un crime aussi grave qu'une agression sexuelle peut subir des conséquences dévastatrices dans sa vie personnelle, professionnelle et sociale. Même si elle est finalement acquittée, la stigmatisation sociale peut perdurer.
D'autre part, les fausses dénonciations peuvent créer un climat de méfiance à l'égard des vraies victimes, sapant ainsi leur crédibilité. En effet, plusieurs ONG de défense des droits de la femme se sont inquiétées du fait que l'accent mis sur les fausses dénonciations soit utilisé pour discréditer les femmes qui signalent légitimement des agressions.
Ceci étant dit, nous pouvons affirmer que l'existence de dénonciations fausses ou malveillantes affecte négativement la perception des vraies victimes et du système judiciaire dans son ensemble et conduit à.. :
- Méfiance à l'égard du système: la possibilité de fausses dénonciations peut entraîner une méfiance à l'égard des dénonciations légitimes, ce qui fait que les vraies victimes ne se sentent pas en sécurité lorsqu'elles s'adressent aux autorités.
- Consommation des ressources du système: les plaintes non fondées peuvent consommer le temps et les ressources du système judiciaire, détournant l'attention des affaires légitimes qui requièrent une attention urgente.
Le ministère espagnol de l'égalité a souligné à plusieurs reprises qu'un faible pourcentage des plaintes déposées sont finalement rejetées en raison du manque de preuves ou parce que l'on considère que les faits allégués ne se sont pas produits. Cependant, nous ne pouvons ignorer qu'un certain pourcentage de ces plaintes sont fausses et sont déposées dans le but d'instrumentaliser le processus pénal en faveur du plaignant et d'obtenir ainsi, par exemple, la garde des enfants mineurs ou la possession du domicile commun, ou comme simple outil de manipulation, de sorte que, si elles s'avèrent fausses, elles doivent être punies pour maintenir l'intégrité de notre système pénal.