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novembre 11, 2025Dans l'exercice des droits de la défense, la relation avocat-client repose sur trois piliers essentiels : la confiance, la loyauté et la communication. Sans eux, aucune stratégie juridique ne peut être soutenue avec succès. Et si l'on pense souvent qu'une fois la défense engagée, cette relation est inamovible, la réalité est tout autre : un avocat peut renoncer à la défense et un client peut se passer de son avocat. Ces deux décisions sont légitimes, mais elles doivent être prises avec prudence et dans le respect de la loi.
1. un droit des deux parties, mais avec des garanties
Le droit procédural espagnol permet à la fois la renonciation de l'avocat et la révocation du client. Toutefois, ces décisions ne sont pas automatiques : avant tout, la démission de l'avocat doit respecter le droit à une protection judiciaire efficace et éviter toute situation de manque de défense du client.
- Lorsque l'avocat démissionne, il doit en informer le client et le tribunal par écrit et de manière irréfutable. En outre, il est tenu de continuer à traiter l'affaire pendant une période raisonnable, jusqu'à ce que le client désigne un nouvel avocat.
- Lorsque le client révoque la défense, il doit le faire en désignant immédiatement un autre avocat pour assurer la continuité de la procédure. Cette désignation se fait normalement au moyen d'une procuration ou "apud acta".
Dans les deux cas, la communication au tribunal doit être faite de manière claire, professionnelle et dans le respect de la procédure.
2. Les causes les plus fréquentes de démission ou de révocation
Il n'existe pas de liste exhaustive de motifs, mais la pratique juridique indique quelques causes fréquentes :
- Perte de confiance : lorsque l'avocat et le client ne sont pas d'accord sur la stratégie ou sur la manière d'aborder la défense.
- Problèmes financiers : non-paiement des frais ou absence de financement des coûts de la procédure.
- Conflits d'intérêts : l'avocat conseille ou a conseillé des parties ayant des intérêts conflictuels.
- Raisons éthiques ou de conscience : lorsque le client demande des actions contraires à la loi ou à l'éthique professionnelle.
Article 26 du statut général du barreau espagnol :"L'avocat a toute liberté d'accepter ou de refuser la gestion du dossier, ainsi que d'y renoncer (sic) à tout moment de la procédure, à condition que le client ne soit pas sans défense".
L'article 12 du code de déontologie du barreau espagnol établit que la relation avocat-client doit être fondée sur la confiance mutuelle et que la liberté de défense signifie"l'abstention ou la cessation de l'intervention en cas de divergence avec le client, qui devient obligatoire lorsque surviennent des circonstances susceptibles d'affecter sa liberté et son indépendance dans la défense ou le conseil, la préservation du secret professionnel ou d'entraîner objectivement un conflit d'intérêts".
Abandonner n'est pas "renoncer", mais agir de manière responsable lorsque la défense n'est plus viable ou cohérente.
3. La confiance, colonne vertébrale de la défense
La confiance est le véritable moteur de la relation avocat-client.
L'avocat doit pouvoir agir avec liberté professionnelle et honnêteté, et le client doit sentir que son avocat partage son objectif et défend ses intérêts avec conviction.
Lorsque cette confiance est rompue - que ce soit en raison de divergences stratégiques, d'une mauvaise communication ou de désaccords personnels - la défense perd de son efficacité et de sa légitimité.
En fait, de nombreux praticiens s'accordent à dire qu'une mauvaise relation entre l'avocat et son client peut être plus préjudiciable à une affaire qu'un mauvais procès. C'est pourquoi la démission d'un avocat est parfois un geste de cohérence et de respect pour la procédure elle-même.
4. Le changement professionnel : une décision délicate
Tant pour l'avocat qui démissionne que pour le client qui se retire, le passage de témoin doit être géré avec prudence et transparence . Il ne suffit pas de mettre fin à la relation : il est essentiel d'assurer la continuité de la défenseet d'éviter les fuites ou les conflits liés au changement.
L'avocat sortant est en outre tenu au secret professionnel sur tout ce qu'il a su pendant la relation, même après avoir cessé son intervention. Cet engagement déontologique est l'une des plus grandes garanties du système et protège à la fois le client et la justice elle-même.
5. Une question d'éthique et de professionnalisme
Ces dernières années, nous avons assisté à plusieurs affaires médiatiques dans lesquelles des avocats ont décidé de se retirer de la défense à des moments critiques. Au-delà des gros titres, ces décisions montrent que la profession d'avocat n'est pas une profession d'obéissance aveugle, mais de jugement et de responsabilité.
Lorsqu'un avocat démissionne, il ne s'enfuit pas : il défend son intégrité professionnelle et évite de compromettre la qualité de la défense.
Dans un système démocratique, l'avocat ne défend pas seulement son client, mais aussi l'équilibre du processus et le respect des droits de la défense. C'est pourquoi la démission - bien fondée et correctement communiquée - n'est pas un signe de faiblesse, mais de force éthique.
6. L'affaire Ábalos : perte de confiance et stratégie procédurale
Dans le cadre de l'affaire Koldo, la démission de l'avocat de José Luis Ábalos semble répondre, selon des sources juridiques et journalistiques, à des divergences stratégiques sur la manière d'aborder l'enquête judiciaire et sa projection médiatique. La défense d'un ancien ministre soumis à une forte exposition publique exige non seulement une rigueur technique, mais aussi une coordination communicationnelle et tactique qui préserve son image et son droit à la présomption d'innocence.
Lorsqu'il existe un désaccord profond dans la stratégie procédurale - par exemple, sur l'opportunité de témoigner ou non devant le juge, ou sur la manière de répondre aux accusations de tiers - l'avocat peut considérer que les conditions minimales de confiance nécessaires à la poursuite de son activité ne sont plus réunies. Dans ce cas, la démission est non seulement légitime, mais professionnellement obligatoire, car persister dans une défense à laquelle on ne croit pas pourrait affecter l'efficacité même de la procédure.
Cependant, d'autres opinions ont essayé de voir dans cette démission une stratégie pour retarder la procédure, stratégie qui a été avortée par le juge Leopoldo Puente, qui n'a pas admis la démission parce qu'il considérait qu'elle avait été formulée "en fraude de la loi", c'est-à-dire avec une fausse motivation, et non en raison de la prétendue "perte de confiance" parce que la demande de changement d'avocat a été faite quelques jours seulement avant la date fixée pour la déclaration, en signalant "des différences irréconciliables ou une détérioration irréversible de la confiance", mais sans expliquer les détails spécifiques de ces différences.
À mon avis, et malgré ce qu'a dit M. Puente, la déposition aurait dû être suspendue pour que M. Abalos puisse désigner un autre avocat de sa confiance, car le droit à la défense des personnes faisant l'objet d'une enquête est supérieur à la prétendue rapidité de l'enquête, et en outre, comme nous l'avons vu, l'issue du procès peut dépendre de la confiance accordée à l'avocat. D'autre part, le fait que le changement d'avocat ait été un instrument pour retarder l'enquête n'est qu'une présomption de la part du magistrat, qui ne peut pas s'attendre à ce qu'on lui dise quelles sont les divergences dans la défense, parce que cela pourrait signifier que la stratégie de la défense est exposée prématurément.
7. Réflexion finale : confiance, éthique et transparence
La relation avocat-client repose sur un pacte de confiance et de loyauté mutuelles qui ne peut être maintenu par simple inertie. La renonciation ou la révocation, lorsqu'elle est gérée de manière responsable, est un mécanisme qui permet de protéger son propre droit à la défense.
L'affaire Ábalos montre également comment la gestion publique d'une démission peut influencer la perception sociale du processus. À une époque où la politique et la justice s'entremêlent dans l'opinion publique, il est essentiel de préserver la dignité de la profession d'avocat et le secret professionnel, en évitant les fuites ou les interprétations simplistes de décisions qui, en fin de compte, appartiennent à la sphère intime de la relation entre le défendeur et le prévenu.
En définitive, la démission d'un avocat ne doit pas être considérée comme une désertion, mais comme un acte de cohérence professionnelle lorsque les conditions éthiques ou stratégiques de la défense ne sont plus soutenables. En effet, en droit comme en politique, la confiance est primordiale, et l'avocat qui dit "assez" à temps n'abandonne pas son client : il protège l'essence même de sa profession.




